dimanche 2 octobre 2016

Mission Impossible 5 : Rogue Nation


C’est assez marrant quelque part. On peste sans cesse sur les sagas qui pressent le citron déjà séché jusqu’à plus soif, mais il y en a certaines qui passent entre les mailles du filet voire même, nous tiennent en respect. Et si un Fast & Furious a fini par se trouver une seconde jeunesse dans la dinguerie tandis qu’un Die Hard commence à sentir mauvais tout comme un Transformers, personne n’osera vraiment contester l’actuelle longévité de Mission Impossible. Certes, on pourra toujours critiquer un tas de trucs, Tom Cruise et ses rapports à la scientologie ou le fait que seule la série d’origine est valable et culte, mais Mission Impossible continue à assurer et à cartonner. Faire une saga « plus que trilogie » et continuer à faire de bons films, ce n’est pas une mission impossible justement ? Mission impossible que relève sans mal l’équipe de Mission Impossible. Après deux bons premiers opus tempérés par un troisième volet prometteur mais qui s’était embarrassé d’éléments trop complexes à la « J.J. Abrams en mode Lost », la saga s’était relancée en trombe avec un Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme plus léger et explosif, exploitant de nouvelles têtes pour assumer à donf son côté divertissement. L’équipe s’est donc un minimum stabilisée autour de Benji (Simon Pegg) et Brandt (Jeremy Renner), les changements de line-up sont loin derrière et l’ensemble est toujours mené par un Tom Cruise qui reste maître dans l’art du divertissement grand public entre action et science-fiction (Oblivion, Edge Of Tomorrow). Voilà donc le 5, Rogue Nation, et on attendait ça avec impatience lors de sa sortie en salles après la claque reçue par Protocole Fantôme. Votre mission, si vous l’acceptez, faire mieux que votre prédécesseur…

L’équipe Mission Impossible, soit les agents Hunt (Tom Cruise), Dunn (Simon Pegg) et Brandt (Jeremy Renner), aidés de Luther Stickell (Ving Rhames), est en mission au Bélarus pour empêcher la livraison d’armes biologiques. Cette livraison semble être liée au Syndicat, une mystérieuse organisation qu’Ethan traque depuis un bon moment. Mais ce dernier se fait doubler par leur leader, Solomon Lane (Sean Harris). Et suite aux évènements de Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme, les agents de Mission Impossible ne sont plus en odeur de sainteté auprès des dirigeants américains et de la CIA en particulier. Leur directeur, Alan Hunley (Alec Baldwin), parvient à obtenir la dissolution de l’agence auprès du Président. Brandt et Dunn sont alors contraints de collaborer avec la CIA, et doivent malgré eux participer à la traque d’Ethan, désormais considéré comme un fugitif complotiste. Ce dernier, de son côté, ne relâche pas ses efforts pour trouver Lane et mettre à jour le Syndicat. Il va alors trouver sur son chemin la mystérieuse Ilsa Faust (Rebecca Ferguson)…


Alors, mission accomplie ? Bon pas vraiment car soyons francs, et pour être tout à fait subjectif, pour moi Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme est d’ores et déjà passé dans la sphère de mes cultes. Mais à aucun moment Mission Impossible 5 : Rogue Nation ne fait honte à son illustre prédécesseur. Il apporte d’ailleurs un regard différent sur les pérégrinations et les méthodes de l’« IMF ». Moins à l’arrache, plus sérieux, même si l’humour typique notamment toujours porté par Simon Pegg demeure présent. Cela n’empêche pas le leitmotiv finalement logique de « mission impossible » d’être toujours présent… Pas de surprise finalement, ce 5 est bien le 2 du 4 finalement et en tout points, jusque dans le fond « l’agence désavouée et critiquée » que l’on retrouve en force ici, mais ça fonctionne toujours. Par rapport à Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme, le scénario se complexifie donc un petit peu, les rebondissements et coups de théâtre se font plus nombreux, avec en point d’orgue des coups de génie. Mais on ne retrouve pas le grand nawak de Mission Impossible 3 qui n’était plus crédible à force d’enchaîner les revirements et trahisons. Et bien sûr, l’Action (avec un grand A, toujours) demeure présente. Après l’habituelle séquence d’intro ici assez dantesque, tout s’enchaîne très vite et les temps morts se font rares, même quand il s’agit de faire avancer l’histoire. Niveau bagarres ou poursuites, on est servis. Et comme toujours les gadgets et autres subtiles techniques d’espionnage et d’infiltration des agents font mouche avec encore de bonnes idées à foison. Plus réfléchi et moins frappadingue que le 4, Mission Impossible 5 retrouve un certain équilibre, parfois au détriment du pur divertissement mais encore une fois, il est particulièrement complet pour le genre. Ça en fait peut-être un Mission Impossible « de plus », mais l’ensemble demeure inspiré, diablement rythmé et capable de nous tenir en haleine, et l’essentiel est déjà largement assuré.

Après un Michael Nyqvist certes excellent (dans un rôle un peu à contre-emploi d’ailleurs) mais aux aspirations un peu trop jusqu’au-boutistes, le britannique Sean Harris moins connu et presque méconnaissable (c’est sûr qu’on est loin du personnage de Fifield dans Prometheus) reprend le rôle du grand méchant et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il assure dans la peau d’un antagoniste typique de films d’action-espionnage. Marvel devrait en prendre de la graine tiens. On retrouve sans mal la classe inquiétante d’un Philip Seymour Hoffman et d’un Dougray Scott. Rebecca Ferguson campe bien son personnage plutôt mystérieux et incertain, mais si son rôle complexe apporte un plus non négligeable, je regrette la disparition d’une « Mission Impossible girl » à la Maggie Q ou Paula Patton qui s’en étaient tirées avec les honneurs. Outre un Alec Baldwin correct et les quelques rôles secondaires intéressants (comme celui du directeur du MI-6 campé par Simon McBurney), j’ai tout de même un grand regret : que Jeremy Renner s’éloigne de nouveau du terrain, reprenant presque son rôle d’« analyste », dommage quand on connaît les capacités d’« agent de terrain » qu’il avait pu montrer pour Protocole Fantôme ou par ailleurs dans Jason Bourne : L’Héritage. Heureusement, son duo naissant avec Ving Rhames fonctionne plutôt bien, et il reste l’autre roux Simon Pegg qui est toujours formidable dans le rôle de l’intrépide Benji, qui aura d’ailleurs le droit à des aventures plus variées, notamment sur la fin. Quant à Ethan Hunt, ça reste Ethan Hunt, et même si au final ce rôle est parfois dilué parmi les autres (ce qui est tout à son honneur), il continue à être un moteur pour cette excellente saga.

Alors encore une fois, le sans-faute n’est pas loin. Meilleur que Protocole Fantôme sur certains points, moins bon sur d’autres, Rogue Nation est une belle réussite pour une saga en excellente forme, et ça a même les moyens de durer tant qu’on ne change pas trop les choses tout en trouvant de bonnes idées. Moins brut et donc peut-être moins immédiat et moins marquant que son prédécesseur, Mission Impossible 5 : Rogue Nation n’a pas réussi à le dépasser, mais il n’est pas loin de l’égaler, pour une saga qui actuellement est particulièrement homogène sur la durée. Si on doit creuser, on peut remarquer que la prise en main par Christopher McQuarrie (Jack Reacher) n’apporte rien de plus et que le placement-produit est particulièrement grossier par moments (Microsoft a allongé le chèque), mais ce n’est pas très important et Mission Impossible 5 : Rogue Nation reste un blockbuster. Un excellent blockbuster, qui succède sans mal et sans scandale à Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme, avec un regain de complexité « Mission Impossibilienne » qui fera plaisir au plus grand nombre (sauf si vous étiez vraiment bloqués sur les deux voire trois premiers, ce que je peux comprendre car on donne désormais vraiment dans le très grand public) même si pour ma part, le 4 restera au-dessus mais on est pas passé loin de l’exploit. En tout cas, Mission Impossible reste une valeur sûre, surtout avec l’équipe actuelle (Simon Pegg et Jeremy Renner même si on peut le voir un peu plus), et Rogue Nation remplit le contrat. Maintenant que vous avez pris connaissance de cette critique, elle s’autodétruira dans 5 secondes… ou pas parce que je veux des lectures. Mais je nierai tout si vous vous faites choper en train de la lire.

Note : 8/10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire