C’est assez marrant quelque part. On peste sans cesse sur
les sagas qui pressent le citron déjà séché jusqu’à plus soif, mais il y en a
certaines qui passent entre les mailles du filet voire même, nous tiennent en
respect. Et si un Fast & Furious a fini par se trouver une seconde jeunesse dans la dinguerie tandis qu’un Die Hard commence à sentir mauvais tout comme un
Transformers, personne n’osera vraiment contester l’actuelle longévité de
Mission Impossible. Certes, on pourra toujours critiquer un tas de trucs, Tom
Cruise et ses rapports à la scientologie ou le fait que seule la série
d’origine est valable et culte, mais Mission Impossible continue à assurer et à
cartonner. Faire une saga « plus que trilogie » et continuer à faire
de bons films, ce n’est pas une mission impossible justement ? Mission
impossible que relève sans mal l’équipe de Mission Impossible. Après deux bons
premiers opus tempérés par un troisième volet prometteur mais qui s’était embarrassé
d’éléments trop complexes à la « J.J. Abrams en mode Lost », la saga
s’était relancée en trombe avec un Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme plus léger et explosif, exploitant de nouvelles têtes pour assumer à
donf son côté divertissement. L’équipe s’est donc un minimum stabilisée autour
de Benji (Simon Pegg) et Brandt (Jeremy Renner), les changements de line-up
sont loin derrière et l’ensemble est toujours mené par un Tom Cruise qui reste
maître dans l’art du divertissement grand public entre action et
science-fiction (Oblivion, Edge Of Tomorrow). Voilà donc le 5, Rogue Nation, et
on attendait ça avec impatience lors de sa sortie en salles après la claque
reçue par Protocole Fantôme. Votre mission, si vous l’acceptez, faire mieux que
votre prédécesseur…
L’équipe Mission Impossible, soit les agents Hunt (Tom
Cruise), Dunn (Simon Pegg) et Brandt (Jeremy Renner), aidés de Luther Stickell
(Ving Rhames), est en mission au Bélarus pour empêcher la livraison d’armes
biologiques. Cette livraison semble être liée au Syndicat, une mystérieuse
organisation qu’Ethan traque depuis un bon moment. Mais ce dernier se fait
doubler par leur leader, Solomon Lane (Sean Harris). Et suite aux évènements de
Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme, les agents de Mission Impossible
ne sont plus en odeur de sainteté auprès des dirigeants américains et de la CIA
en particulier. Leur directeur, Alan Hunley (Alec Baldwin), parvient à obtenir
la dissolution de l’agence auprès du Président. Brandt et Dunn sont alors
contraints de collaborer avec la CIA, et doivent malgré eux participer à la
traque d’Ethan, désormais considéré comme un fugitif complotiste. Ce dernier,
de son côté, ne relâche pas ses efforts pour trouver Lane et mettre à jour le
Syndicat. Il va alors trouver sur son chemin la mystérieuse Ilsa Faust (Rebecca
Ferguson)…
Alors, mission accomplie ? Bon pas vraiment car
soyons francs, et pour être tout à fait subjectif, pour moi Mission Impossible
4 : Protocole Fantôme est d’ores et déjà passé dans la sphère de mes
cultes. Mais à aucun moment Mission Impossible 5 : Rogue Nation ne fait
honte à son illustre prédécesseur. Il apporte d’ailleurs un regard différent
sur les pérégrinations et les méthodes de l’« IMF ». Moins à
l’arrache, plus sérieux, même si l’humour typique notamment toujours porté par
Simon Pegg demeure présent. Cela n’empêche pas le leitmotiv finalement logique
de « mission impossible » d’être toujours présent… Pas de surprise
finalement, ce 5 est bien le 2 du 4 finalement et en tout points, jusque dans le fond « l’agence désavouée et critiquée »
que l’on retrouve en force ici, mais ça fonctionne toujours. Par rapport à
Mission Impossible 4 : Protocole Fantôme, le scénario se complexifie donc
un petit peu, les rebondissements et coups de théâtre se font plus nombreux,
avec en point d’orgue des coups de génie. Mais on ne retrouve pas le grand
nawak de Mission Impossible 3 qui n’était plus crédible à force d’enchaîner les
revirements et trahisons. Et bien sûr, l’Action (avec un grand A, toujours)
demeure présente. Après l’habituelle séquence d’intro ici assez dantesque, tout
s’enchaîne très vite et les temps morts se font rares, même quand il s’agit de
faire avancer l’histoire. Niveau bagarres ou poursuites, on est servis. Et
comme toujours les gadgets et autres subtiles techniques d’espionnage et
d’infiltration des agents font mouche avec encore de bonnes idées à foison.
Plus réfléchi et moins frappadingue que le 4, Mission Impossible 5 retrouve un
certain équilibre, parfois au détriment du pur divertissement mais encore une
fois, il est particulièrement complet pour le genre. Ça en fait peut-être un
Mission Impossible « de plus », mais l’ensemble demeure inspiré, diablement
rythmé et capable de nous tenir en haleine, et l’essentiel est déjà largement
assuré.
Après un Michael Nyqvist certes excellent (dans un rôle
un peu à contre-emploi d’ailleurs) mais aux aspirations un peu trop jusqu’au-boutistes,
le britannique Sean Harris moins connu et presque méconnaissable (c’est sûr
qu’on est loin du personnage de Fifield dans Prometheus) reprend le rôle du
grand méchant et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il assure dans la peau
d’un antagoniste typique de films d’action-espionnage. Marvel devrait en
prendre de la graine tiens. On retrouve sans mal la classe inquiétante d’un
Philip Seymour Hoffman et d’un Dougray Scott. Rebecca Ferguson campe bien son
personnage plutôt mystérieux et incertain, mais si son rôle complexe apporte un
plus non négligeable, je regrette la disparition d’une « Mission
Impossible girl » à la Maggie Q ou Paula Patton qui s’en étaient tirées avec
les honneurs. Outre un Alec Baldwin correct et les quelques rôles secondaires
intéressants (comme celui du directeur du MI-6 campé par Simon McBurney), j’ai
tout de même un grand regret : que Jeremy Renner s’éloigne de nouveau du
terrain, reprenant presque son rôle d’« analyste », dommage quand on
connaît les capacités d’« agent de terrain » qu’il avait pu montrer
pour Protocole Fantôme ou par ailleurs dans Jason Bourne : L’Héritage.
Heureusement, son duo naissant avec Ving Rhames fonctionne plutôt bien, et il
reste l’autre roux Simon Pegg qui est toujours formidable dans le rôle de
l’intrépide Benji, qui aura d’ailleurs le droit à des aventures plus variées,
notamment sur la fin. Quant à Ethan Hunt, ça reste Ethan Hunt, et même si au
final ce rôle est parfois dilué parmi les autres (ce qui est tout à son
honneur), il continue à être un moteur pour cette excellente saga.
Alors encore une fois, le sans-faute n’est pas loin.
Meilleur que Protocole Fantôme sur certains points, moins bon sur d’autres,
Rogue Nation est une belle réussite pour une saga en excellente forme, et ça a
même les moyens de durer tant qu’on ne change pas trop les choses tout en
trouvant de bonnes idées. Moins brut et donc peut-être moins immédiat et moins
marquant que son prédécesseur, Mission Impossible 5 : Rogue Nation n’a pas
réussi à le dépasser, mais il n’est pas loin de l’égaler, pour une saga qui
actuellement est particulièrement homogène sur la durée. Si on doit creuser, on
peut remarquer que la prise en main par Christopher McQuarrie (Jack Reacher)
n’apporte rien de plus et que le placement-produit est particulièrement
grossier par moments (Microsoft a allongé le chèque), mais ce n’est pas très
important et Mission Impossible 5 : Rogue Nation reste un blockbuster. Un
excellent blockbuster, qui succède sans mal et sans scandale à Mission
Impossible 4 : Protocole Fantôme, avec un regain de complexité
« Mission Impossibilienne » qui fera plaisir au plus grand nombre (sauf si vous étiez vraiment bloqués sur les deux voire trois premiers, ce que je peux comprendre car on donne désormais vraiment dans le très grand public) même si pour ma part, le 4 restera au-dessus mais on est pas passé loin de l’exploit.
En tout cas, Mission Impossible reste une valeur sûre, surtout avec l’équipe
actuelle (Simon Pegg et Jeremy Renner même si on peut le voir un peu plus), et
Rogue Nation remplit le contrat. Maintenant que vous avez pris connaissance de
cette critique, elle s’autodétruira dans 5 secondes… ou pas parce que je veux
des lectures. Mais je nierai tout si vous vous faites choper en train de la
lire.
Note : 8/10
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