samedi 20 juillet 2013

Pacific Rim

Allez hop, voilà le premier blockbuster de l’été. Bon c’est vrai il y a eu World War Z, mais celui-là je n’en ai rien à carrer et on en parlera pas ici. Laissons de côté les zomb… pardons, les infectés de ce qui semble être un bon nanar Emmerichien, pour parler plutôt de trucs un peu plus gros. Beaucoup plus gros même. Je veux bien sûr parler des monstres et des robots de Pacific Rim qui cumulent une bonne trentaine d’étages de hauteur. La nouvelle œuvre de Guillermo Del Toro était attendue depuis le début de l’année, pour un film qui allait réduire Transformers et Godzilla en poussière si l’on en croit les annonceurs. Mais si j’ai été enthousiasmé par cette sortie dès ses premières bribes, la tension est vite retombée. Si World War Z se présente comme un nanar Emmerichien, plus le temps passait et plus Pacific Rim se présentait quant à lui comme un nanar SyFyien. Beaucoup de bruit et de destruction pour une histoire creuse et ridicule, en somme (avec plus de moyens donc des effets spéciaux réussis, en principe). D’ailleurs Asylum, boîte de prod qui fournit la plupart des nanars de SyFy, a lancé en parallèle son propre rip-off de Pacific Rim nommé Atlantic Rim (il fallait y penser…). Bon, autant dire que peu avant sa sortie je n’attendais plus rien de Pacific Rim, j’espérais juste qu’il éviterai de tomber dans les exagérations du nanar. D’aucuns se raccrocheront au nom de Guillermo Del Toro qui est porteur de promesses, mais la vacuité du casting et quelques critiques assassines de la presse (très) généraliste n’annonce finalement rien de bon…

Les grosses bébêtes, ce sont les Kaijus, débarqués au fin fond du Pacifique par le biais d’une faille dimensionnelle. Les gros robots, ce sont les Jaegers, fabriqués par les humains au fil des années et des attaques de Kaijus pour se défendre. Robots qui ont la particularité d’être pilotés par deux humains dont les cerveaux sont connectés (ce qui est appelé « la dérive »). Mais les Kaijus s’adaptent et le temps passant, envoient des créatures de plus en plus grosses, mettant à mal les ressources de la Terre qui s’approchent de plus en plus de l’apocalypse et de la fin de l’humanité. Déclarés obsolètes, les Jaegers vont être remisés pour laisser place à de grands murs côtiers. Mais lorsque ces derniers s’avèrent être une ligne de défense bien peu efficace, les Jaegers vont finalement devoir reprendre du service. Pour assurer une opération de la dernière chance, le Marshall Stacker Pentecost (Idris Elba) décide de rappeler un ancien pilote de Jaeger, Raleigh Becket (Charlie Hunnam), qui avait raccroché suite à la mort de son frère et copilote en mission (ce qui fait office d’introduction au film). Finalement associé à une pilote novice, Mako (Rinku Kikuchi), Becket va devenir pilote d’un vieux modèle de Jaeger qui a pour but d’appuyer une mission bien précise : faire exploser la brèche dimensionnelle qui permet l’arrivée des Kaijus. Mais bon nombre de rebondissements, de contretemps suite aux attaques incessantes de Kaijus, et de découvertes faites par deux chercheurs farfelus, Newt Geiszler (Charlie Day) et Hermann Gottlieb (Burn Gorman), vont faire évoluer le plan final d’éradication des Kaijus…


Evacuons tout de suite les craintes que l’on pouvait attendre à propos de Pacific Rim : non, ce n’est pas un nanar SyFyien, c’est un film qui tient admirablement bien la route. Le scénario ménage quelques longueurs, mais également quelques rebondissements intéressants qui évacuent toute forme d’ennui. Oui certains dialogues, mâtinés de bravoure « à l’américaine », sont ridicules mais ce n’est pas très grave et on pouvait s’y attendre de toute façon. Comme quoi, quand on s’attend à être déçu, on prend le contrecoup et on finit par être satisfait… Ce qui est plutôt cocasse, c’est que le côté explosif et la réalisation de Pacific Rim ne sont pas ses points forts, alors qu’on pouvait s’attendre à ce que ce soit des arguments de premier choix. Il y a relativement peu de destruction massive, certes Hong Kong en prend plein la poire mais ça ne dure pas très longtemps, on est bien loin des guerres urbaines de Transformers, Transformers : La face cachée de la Lune, The Avengers, G.I. Joe : Le réveil du Cobra et consorts. On se concentre plus sur les affrontements Kaijus/Jaegers en pleine mer (plus ou moins profonde), monumentaux (forcément) mais qui n’explosent pas la rétine pour autant. Enfin on risquera néanmoins une crispation des cellules rétiniennes car à vrai dire l’ensemble est confus, trop de détail tue le détail et le travail des effets spéciaux est tellement minutieux que mis sur grand écran, ça ne ressemble plus à grand-chose, surtout quand le film est assez sombre. Dès le premier affrontement Kaiju/Jaeger, on a du mal à suivre et on ne voit pas bien ce qui se passe, et la 3D n’aide en rien. C’est dommage car l’ensemble est léché, joli même (les créatures, costumes et certaines scènes peuvent faire penser à Metroid par exemple, et les robots sont sympa), mais un brin bordélique malgré le côté « lourd » des coups portés.

Si l’ensemble du scénario est finalement tout à fait acceptable, Pacific Rim passe néanmoins à côté de quelques trucs intéressants, comme le principe de connexion neuronale entre les deux pilotes par exemple : on ne comprend pas vraiment comment ça fonctionne, comment les mouvements sont synchronisés et assurés, on sait juste que le cerveau d’un seul pilote ne suffit pas pour tenir le système du Jaeger durablement, et c’est tout. Certaines particularités ne sont pas exploitées plus que de raison (comme l’interférence des souvenirs, on pensait que ça pouvait revenir sur la table à un moment critique… et puis non). Bref, je me focalise trop sur le côté scientifique du bidule, mais sinon Pacific Rim n’est pas trop mal dans l’ensemble. Les défauts laissent place à un film divertissant qui se laisse agréablement regarder, et qui il faut le dire bénéficie de la Guillermo Del Toro touch. L’ambiance, les profils des personnages, certains décors, le ton mi-dramatique mi-comique… on pense immédiatement aux deux Hellboy et c’est pas plus mal, même si on perd un peu en originalité. Pacific Rim, c’est donc un Hellboy où les diverses créatures et les agents du gouvernement sont remplacées par des pilotes de robots et des scientifiques légèrement détraqués du bulbe, et où les combats nécessitent de se munir d’un plus grand angle de vision. Ça plaira ou pas mais de ce point de vue Pacific Rim est tout à fait réussi.


Passons vite fait sur le casting, composé à 95% de parfait inconnus. Charlie Hunnam, présent dans la série Sons Of Anarchy et que j’avais vu dans Cold Blood (où il se faisait deux fois Olivia Wilde, le petit saligaud), s’en sort admirablement bien dans le rôle du héros de service plein d’humilité. Idris Elba (seul acteur un tant soit peu connu, et encore), qui joue un militaire malade et éloigné du terrain, tient bien son rôle mais paraît déjà vieux… Rinku Kikuchi, je n’en suis pas très fan, et son personnage n’est pas si développé que ça en fin de compte. Pour le reste on oscille dans une galerie de personnages plus ou moins clichesques, entre l’opérateur de communications (Clifton Collins Jr.) et le duo de pilote père/fils (Max Martini/Robert Kazinsky) , l’un respectueux et l’autre qui se la pète grave. Le duo de scientifiques déjantés (Charlie Day/Burn Gorman) est très grotesque au début mais attachant sur la fin, ce qui nous rappelle à nouveau certains personnages de Hellboy. En parlant de ce dernier, on retrouve donc Ron Perlman, mais dans un rôle débilisant et inutile de trafiquant d’organes de Kaijus au style vestimentaire excentrique. Ce rôle bien exagéré n’était pas franchement indispensable et n’honore ni l’acteur, ni le réalisateur…


Ni une grosse bouse condamnée à passer une fois par mois sur la TNT dans 4-5 ans, ni un chef-d’œuvre qui en met plein la vue et qui remporte haut la main une nomination au titre de blockbuster de l’année, Pacific Rim est dans la bonne moyenne avec des défauts et des qualités qui s’équilibrent. Guillermo Del Toro aurait probablement pu faire mieux, approfondir certains trucs et en laisser tomber d’autres, mais sachant que la crainte du nanar s’était bien faite sentir Pacific Rim s’en tire avec les honneurs. Un très bon divertissement dans l’ensemble, qui pêche un peu en voulant en mettre (prétendument) plein la vue mais qui se rattrape en étant bien ficelé sans faire chauffer les neurones, bref sans besoin d’avoir un copilote et un pont neuronal. Quand bien même on considérerait Pacific Rim comme un film à potentiel SyFy, ça serait probablement l’un des meilleurs films du genre, donc le bilan est nettement positif. Asylum va avoir du mal à faire aussi bien que ce film tout à fait correct, montrant aussi que Guillermo Del Toro possède un certain talent et sa propre patte, et mise tout dessus pour un film d’action/SF monumental mais seulement sympathique au final. C'est déjà pas mal cependant.
Note : 7/10

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