samedi 27 avril 2013

Les Âmes Vagabondes


Voilà le film de 2013 sujet à toutes les contradictions et tous les paradoxes. D’un côté nous avons Andrew Niccol, le réalisateur néo-zélandais qui signe un nouveau film de science-fiction/anticipation, domaine où il a déjà montré son savoir-faire (Bienvenue à Gattaca -même si je n’en suis pas un grand fan-, Time Out -qui lui m’avait bluffé-). De l’autre nous avons Stephenie Meyer, romancière auteure de la saga à succès (sic) Twilight. Le premier adapte donc un autre roman de la seconde, Les Âmes Vagabondes. Difficile donc de savoir à quoi s’attendre : Niccol va-t-il s’accaparer l’œuvre et l’adapter à sa sauce, ou l’histoire originelle de Meyer va rester telle qu’elle pour attirer plus facilement ses jeunes lecteurs/trices ? Je n’ai pas lu le livre (et puis quoi encore ?!) donc je ne saurai répondre, toujours est-il que ce n’est pas le genre d’adaptation propre à irriter un « public » de puristes, je pense que les jeunes amateurs du bouquin seront plutôt heureux de voir les personnages prendre vie à l’écran (surtout les beaux gosses, je suppose). Moi, je veux juste de la science-fiction qui ne soit pas trop phagocytée par la romance. Inutile de dire que c’était perdu d’avance et le film s’est bien évidemment fait sabrer par des sites spécialisés, même s’ils ne font clairement pas partie du public visé. Le pire, c’est qu’au final (brisons tout de suite la glace), ce n’est pas vraiment la romance qui pose problème…

Dans un futur indéterminé, la Terre a été envahie par une race d’extraterrestres bien particulière, non-violents et pacifiques, qui ont tout simplement pris le contrôle des corps humains. Ils ont alors créé une société parfaite. Mais certains humains n’ont pas voulu se laisser faire et des poches de résistance subsistent. Parmi ceux-ci, il y a Mélanie (Saoirse Ronan), qui se fait repérer par des extraterrestres. Mais plutôt que de se soumettre, elle choisit de se suicider par défenestration. Mais elle survit et les extraterrestres lui implantent une âme, nommée « vagabonde ». Celle-ci a la charge de fouiller la mémoire de Mélanie pour trouver le groupe de résistants auquel elle appartient, devant fournir les informations à une traqueuse (Diane Kruger). Mais (encore un mais) l’âme de Mélanie est toujours présente dans son corps, et finit par parvenir à raisonner Vagabonde. Les deux âmes cohabitantes vont fuir et rejoindre dans le désert une poche de résistance, comprenant Jeb l’oncle de Mélanie (William Hurt), son petit frère Jamie (Chandler Canterbury) et son petit ami Jared (Max Irons). Mais (encore !) les résistants humains sont loin de se douter que deux âmes peuvent cohabiter en un corps et se méfient de Vagabonde, tandis que cette dernière s’éprend de Ian (Jake Abel) et que la traqueuse est toujours à la recherche des humains résistants…


Evacuons d’emblée ce qui dérange dans Les Âmes Vagabondes (enfin, ce qui dérange les plus de 16 ans). Et première surprise, il n’y a pas tant de romance que ça. En tout cas, ce n’est pas le sujet principal du film. Le tout est centré autour du conflit intérieur entre Mélanie et Vagabonde, qui sont partagées entre Jake et Ian. La romance est même confuse, sans queue ni tête, sans but ni morale, sans intérêt, rien. On peut aisément la zapper surtout que ça ne représente au bas mot que 15% de l’histoire du film. Bonne nouvelle alors ? Non, car tout le reste pêche et s’enfonce très rapidement dans un déluge de bons sentiments et de dialogues grandiloquents, partant même dans la surenchère sur la fin. Outre une courte ouverture sur les tares de l’humanité qui s’entretuent et détruisent la planète et que donc les extraterrestres ont changé tout ça, tout n’est que discours niaiseux sur les élucubrations de Vagabonde qui a du mal à choisir son camp, d’ailleurs son revirement bien trop rapide ne tient pas la route, pas comme il est présenté en tout cas. Mixez ça aux quelques incursions de romance et Les Âmes Vagabondes devient rapidement imbuvable, et longuet en plus (près de deux heures dont quelques minutes passées à regarder la montre). Si le film se voulait dramatique, c’est réussi, mais alors que c’est laborieux. Et la science-fiction dans tout ça ? Presque que dalle, on est plongé directement dans le vif du sujet sans une maigre tentative de présentation plus précise de la société forgée par les extraterrestres, et les premières pérégrinations de Mélanie sont racontées sous forme de sempiternels flashbacks. Niccol, qui avait pourtant créé un univers tout à fait unique avec Time Out, est ici totalement passé à côté du sujet d’anticipation, probablement pour rester dans le cœur du livre, et la majeure partie du film est centrée sur les aventures de Mélanie/Vagabonde. A un moment du film on pense que l’on va instaurer une histoire parallèle avec la traqueuse qui commence à douter de ses motivations, mais il n’en est rien. Triste.

Tout n’est pas à jeter pour autant, et le fait que la romance ne prenne pas trop de place soulage grandement. Il faut tout de même se placer dans un état d’esprit particulier pour pouvoir accrocher à l’histoire de Mélanie/Vagabonde, mais le film a le mérite d’être bien ficelé dans l’ensemble, avec des longueurs certes, et au final l’afflux de niaiserie finit plus par faire rire qu’autre chose. C’est certes consternant mais en même temps, c’est l’histoire de Stephenie Meyer qui veut ça… L’univers particulier du film reste intéressant, et on peut tout de même saluer l’effort de Niccol de sauver l’ensemble grâce aux images. Sobre, mais avec de beaux décors naturels et bien filmé, c’est déjà ça de pris. L’action n’est pas au rendez-vous (une bagnole qui fait des tonneaux, une micro-poursuite sur l’autoroute : emballez c’est pesé), mais l’identité visuelle éthérée est là, avec les extraterrestres dotés de jolis bolides chromés. Les Âmes Vagabondes est poussif et fatiguant, mais bien fait et on arrive quand même à arriver au bout sans problèmes, même si votre limite de tolérance sera tout de même sollicitée. Ce n’est pas le contenant qui pose problème mais bien le contenu, avec un côté dramatique dégoulinant de niaiserie romancière, pas aidé par une musique bien à-propos avec le sujet.


Pour l’acting, pas grand-chose à signaler. Saoirse « comment que ça se prononce » Ronan est plutôt mignonne (encore heureux) mais son jeu linéaire devient très vite lassant même si on en arrive pas à avoir envie de la baffer. Diane Kruger est très bien (et avec l’iris bleu pétant, ça lui donne un côté hypnotisant du plus bel effet), mais comme je le disais son personnage aurait mérité d’être plus développé. Le reste ? Houlà… c’est l’afflux de beaux gosses pour faire tomber ta petite sœur, avec 3 parfaits inconnus (Max Irons, Jake Abel, Boyd Holbrook) qui en plus se ressemblent de trop physiquement, ce qui fait qu’au début on arrive même pas à comprendre qui est qui, rajoutant de la confusion à cette romance à deux balles. Et puis au niveau du jeu, voilà quoi… tout ceci n’est qu’un splendide argument marketing et ces 3 types seront bien vite oubliés, une fois que l'adolescence sera passée et les posters rangés. Reste William Hurt convaincant en patron de la colonie de survivants, le reste c’est du tertiaire et il est inutile de chercher à en extirper quoi que ce soit. Saoirse Ronan vole presque tout le film, même si ça fonctionne assez, et pour le reste on ne peut pas dire que Les Âmes Vagabondes brille par son casting. Un défaut de plus…

Les Âmes Vagabondes n’est pas pour autant la catastrophe annoncée, surtout parce qu’on était prêts à encaisser le choc, mais ne vaut quand même pas beaucoup plus que la moyenne, et se distingue surtout par une forme un minimum réussie plutôt que par le fond bien évidemment niais à souhait. Il y avait peut-être mieux à faire et d’autres points à développer (la société mise en place par les extraterrestres, les doutes de la traqueuse). Heureusement que la romance, qui de toute façon ne sert à rien, soit aisément zappable et ne régit pas le film à elle toute seule. C’est déjà ça de pris mais pour le reste, Les Âmes Vagabondes n’est pas un film de science-fiction, plutôt un drame futuriste calibré pour un public friand de romans d’ados. Du coup, Les Âmes Vagabondes n’est je pense tout simplement pas fait pour la majorité du public qui le descend en flammes, moi y compris d’ailleurs. La cohérence et l’objectivité (le serpent de mer par excellence) voudrait d’ailleurs que je ne lui mette pas de note, mais je fais ce que je veux c’est mon blog. Les fans de Twilight, les fans de jolies filles (Saoirse Ronan et Diane Kruger) et de jolis garçons (j’ai déjà oublié leurs noms) en auront pour leur argent (ou leur bande passante), les autres peuvent fuir en courant à moins qu’il n’existe sur cette planète quelqu’un qui soit à la fois amateur de science-fiction/anticipation et de bons sentiments à gogo. Qu’est venu faire Niccol dans cette galère ? Du chiffre grâce à un film ultra-ciblé, mais pourtant c’est lui qui parvient à sauver un tant soit peu le film d’un naufrage dans les abysses du nanar niaiseux. Diantre…
Note : 5/10

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